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Jeudi 9 septembre 2010 à 17:48

Mes parents ne m’ont jamais facilité la vie. Jamais. Ils sont excessivement plein de bonne volonté, naïfs, et accordent une trop grande importance à la nécessité de se faire aimer. Ils ont BESOIN de se faire aimer.

 

Quand j’étais petite déjà, il ne se passait pas un week-end sans qu’ils invitent tel ou tel collègue/ami/voisin à déjeuner/prendre l’apéro/prendre un café. Pour faire bonne impression.

D’où leur vient cette obsession d’entretenir de bon rapport avec tout ceux qui les entourent ? Est-ce qu’ils ne pourraient pas se contenter d’avoir simplement… des rapports avec eux. Bonjour, au revoir, comment va votre femme, POINT. Non, au lieu de ça, ils doivent constamment élargir leur cercle d’amis.

 

C’est fatiguant.

 

Je gère leurs lubies depuis que je suis en âge d’avoir conscience des choses. Il y a toujours de nouvelles têtes, toujours des –J’ai vu Machin au club de tennis ; –Machin ? ; –Oui, le fils de truc. Il a encore acheté une voiture ! … oui et alors ? je veux dire… qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Et toi : qu’est-ce que ça peut te faire ?

 

C’est vraiment fatiguant.

 

Mais ce sont mes parents. Alors… ce n’est pas vraiment comme si j’avais eu le choix.

Mais cette fois-ci…

 

Cette fois-ci ce qu’ils ont fait est inacceptable !

 

Mon appartement, c’est chez moi, d’accord ?

C’est chez moi. C’est ma bulle.

C’est mon sas hermétique où je peux enfin me débarrasser des autres et de leur inutilité. Qu’ils se fassent leurs délires communautaires dans leur coin, leur sortie, leur « party », leur réseau facebook et autres conneries du genre. Quand je suis chez moi, je peux enfin faire taire tout le brouhaha de leur existence.

 

Ce n’est pas la qualité de l’enseignement ou des programmes qui m’a fait déménager à 800 km de chez moi. Non : c’est la perspective, du moment que je ne décroche pas mon téléphone, de ne plus avoir à entendre « J’ai vu Machin au club de tennis ».

J’ai passé 18 années à entendre « J’ai vu Machin au club de tennis » ! et pourtant j’arrivais à saturation dès la neuvième.

Je descends une fois par mois pour leur faire plaisir. Le reste du temps je veux pouvoir le passer à travailler dans le silence le plus total.

 

Les gens sont inutiles. Ils font trop de bruit, et ils le font pour pas grand-chose. Ils passent leur temps à vouloir des choses inutiles, à aimer des choses inutiles, à s’intéresser à des choses inutiles, à faire des choses inutiles.

Et je déteste l’inutilité.

 

Alors, NON ! une colocation n’est même pas une option envisageable !

Non.

Je refuse.

Je refuse de devoir partager le seul endroit au monde où je n’ai pas à supporter Machin et Truc avec, justement, Machin et Truc. Ou même seulement avec Machin.

Mon chez moi est une Free Machin Zone, ok ?

No Truc allowed !

C’est chez moi ! Et je n’arrive pas à concevoir que Machin puisse vivre chez moi ! Devoir le croiser à chaque fois que je voudrais me servir un verre d’eau, aller aux toilettes, jeter quelque chose à la poubelle, ou même me faire cuire à manger ! non : je n’en suis pas capable.

Il faudra que je mange avec lui, que je lui parle, que je l’écoute me déverser son insipidité dans le creux de l’oreille, encore et encore, chaque jour que Dieu fera. Et il me parlera de choses dont je n’ai absolument rien à faire ! et chaque mots que sortira de sa bouche sonnera creux. Et chaque seconde perdue à écouter ces mots sera une seconde pendant laquelle je ne pourrais pas travailler.

 

Je suis un double cursus cette année. Je n’ai pas le temps de m’occuper de Machin !

Machin n’est qu’un frein à ma réussite. Il est un poids mort.

Et bien sûr Machin aura des amis tout aussi inutiles que lui. Et cette colonie d’inutilité envahira mon espace vital pour m’étouffer sous leur superficialité. Ils sont complètement vains.

 

Non. Je ne veux pas de Machin.

 

Jeudi 9 septembre 2010 à 17:07

MA MERE :
Je t’ai pris rendez-vous

MOI :
 Rendez-vous pour quoi ?

MA MERE :
pour visiter l’appartement.

MOI :
Mais de quoi tu me parles ?

MA MERE :
 chérie, tu sais qu’avec ton père qui a pris son année sabbatique on n’a plus les moyens de te payer ton appartement. Il faut que tu déménages.

MOI :
Ah, ouais ? Et depuis quand s’il te plaît ?

MA MERE :
On en a parlé plusieurs fois déjà

MOI :
Ah, ouais ? Et quand s’il te plaît ?

MA MERE :
Je ne sais pas… plusieurs fois.

MOI :
Maman, on n’en a jamais parlé !

MA MERE :
Mais si ma puce, tu as dû oublier.

MOI :
Je te dis que non. Si je te dis que non, c’est que c’est non.

MA MERE :

J’aurais oublié de t’en parler ? Ah, oui, possible.
Qu’importe, je t’en parle maintenant : il faut que tu déménages avant le début du mois prochain, on n’a plus les moyens de te payer ton appartement.

MOI :
Vous vous fichez de moi ?!
C’est seulement maintenant que tu me le dis ?
Je suis la première concernée ! Vous auriez pu me consulter non ?

MA MERE :
Je pensais que je t’en avais parlé.

MOI :
Mais on est déjà à la moitié du mois ! Et puis pourquoi je devrais quitter cet appart’ ? Il ne vous ruine pas que je sache !

MA MERE :
500 euros, c’est une somme quand même.

MOI :
Je me trouverai un boulot !

MA MERE :
Non chérie. Tu suis un double cursus cette année, tu ne pourras pas prendre de boulot.

MOI :
Mais pourquoi vous ne m’en avez pas parlé avant ?

MA MERE :
Ne t’inquiète pas ! J’ai tout arrangé ! Je t’ai trouvé un appartement à 300 euros vraiment très bien situé. C’est un meublé, tout ce que tu devras faire c’est amener tes vêtements et ta brosse à dent.

MOI :
ça pue l’arnaque ton truc. Un meublé, dans le centre, à ce prix là ? On va me loger dans une vieille chambre de bonne de trois mètres carrés oui !

MA MERE :
Mais non ! Les colocations sont toujours moins chères ma puce, tu devrais le savoir.

MOI :
Une QUOI ???

 

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